dimanche 31 octobre 2010

La quichaton se décline

Je constate que vous avez beaucoup apprécié mes histoires de cèleri-rave et de navets d'hier ;))

Alors sachez qu'aujourd'hui j'ai essayé une nouvelle version de la célèbre quichaton (et suite) en remplaçant la poitrine de porc par du saumon fumé. La recette reste la même à la différence que je ne fais pas revenir le saumon avec les oignons et les champignons.
Certes, cela impose d'abandonner l'élevage de cochons au profit de l'achat d'un fjord en Norvège, mais si vous m'en croyez mignons et mignonnes, le résultat sera à la hauteur de l'investissement : un régal.
Pour les amateurs, je peux publier la recette de la quiche au saumon version shaton sur ce blogue, il suffit de demander.

N'ayant aucune présence d'esprit, j'ai évidemment oublié de photographier la prouesse. A la place, je vous propose une image de mon chien, qui a 1 an aujourd'hui. Ah oui, c'est aussi une photo de moi. Bin oui, c'est comme ça.

"Rends-moi ce potimarron, c'est MON cadeau !
c'est MON anniversaire !"

samedi 30 octobre 2010

Là, franchement, ça n'a rien à voir avec la littérature

Nous mangeons des légumes.
Nous mangeons beaucoup de légumes.
Frais, du marché.
C'est bon.
Nous aimons les légumes.
Nous aimons beaucoup les légumes.
Frais... enfin, de moins de six jours, du marché.
C'est délicieux.
Nous les achetons issus de l'agriculture biologique.
Parce que les producteurs locaux bios sont des amis et que leurs (énormes) légumes à (très très) bon rendement sont fabuleux.

Bref, vous qui aimez peut-être les légumes frais et bios, vous qui les détestez, vous qui ne savez même pas que ça existe, je voulais que vous partagiez par la lecture le formidable plaisir gustatif que j'ai éprouvé en mangeant une assiette de cèleri-rave, navets et potimarron à la vapeur, relevés d'une pointe de moutarde en grains.

Mon frère l'apprend à ses enfants et ses enfants sont beaux et forts :
"Ce sont les légumes qui font les muscles."

Et en plus, c'est BON.

PS : un spécial clin d'œil à Nicolas N. et à Serge G., qui parmi d'autres produisent ces merveilles.

Oui, je sais, ceci n'est pas une assiette de légumes à l'eau
relevés d'une pointe de moutarde en grains,
mais je n'avais rien d'autre sous la main,
et puis les tartes au beurre font plus d'effet que le cèleri
aux chiens qui traînent en bas à gauche des photographies.

Soyez heureux, au cèleri-rave ou pas.

vendredi 29 octobre 2010

L'acquéreur de briquets s'affole

Depuis que je ne tire plus le dé, je travaille selon le double mode du plaisir et de l'urgence.
C'est avec ces deux moteurs que j'ai eu une chouette vie dans la recherche lexicale, et en l'occurrence c'est ce qui fait avancer l'acquéreur de briquets à une vitesse supersonique !
Je précise à nouveau ceci :
J'ai commencé un survol quotidien de mes 14 récits en cours. Celui d'aujourd'hui est le troisième sur la liste dans la rubrique considérée (ceci afin d'accéder aux précédents extraits).
Si vous voulez jouer au relecteur partiel, je vous invite à me dire lequel ou lesquels de ces 14 machins vous voudriez voir édités avant les autres.
Je rappelle que les messages traitant de mes récits en cours sont archivés ici.
Et que tout le blogue est archivé, d'ailleurs.


TITRE
: L'acquéreur de briquets

GENRE : Roman réécrit par synonymie systématique

SYNOPSIS COURT : C'est l'acheteur d'allumettes I, même histoire mais entièrement écrite avec des mots différents. L'acheteur d'allumettes est terminé mais il n'a pas encore trouvé d'éditeur qui l'aime dans sa totalité. Certains apprécient la première partie, d'autres la seconde. Les critiques successives ne m'ont (pas encore) convaincu au sujet de la nécessité d'en sacrifier une au profit de l'autre.

AVANCEMENT : 486 pages terminées, total minimum. Son élaboration avance à une vitesse si folle qu'il sera premier-jeté en moins de deux semaines.

EXTRAIT (en rouge l'acquéreur de briquets, en noir l'acheteur d'allumettes)
Lorsque l'assistante décolorée entra à son tour dans mon antre, n'importe qui aurait anticipé son ironie ; c'est pourquoi une petite vulgarité me parut être une manière sympa de préparer mon grand départ. Ainsi qu'il était prévisible, la jeune femme fut la première à piquer :

Quand la dame blonde passa en fin de journée pour ramasser les copies, je savais qu'elle me torpillerait ; alors je choisis d'être grossier pour égayer mon avant-dernier jour de travail avant le vrai voyage. Comme prévu, c'est elle qui déclencha les hostilités :

« Sans déconner, c'est quoi ton problème ? Le travail est trop compliqué pour toi ?
- Oublie ça, d'accord ? j'aimerais t'inviter...
- Tu dis ?
- J'aimerais t'inviter à prendre un verre en sortant d'ici...
- C'est de la drague ou bien ?
- Je préfèrerais une autre expression. Ce serait comme une nouvelle prise de contact entre nous, parce que nos relations de travail laissent à désirer depuis quelques semaines.
- Pour qui tu te prends ? Attends que mon mec apprenne ça, il te dira deux mots sur la manière de m'aborder...
- Il n'est pas concerné par mon invitation, tu es la seule à qui je m'adresse. Le reste du monde, je m'en moque. Franchement, tu es heureuse de faire ton tour d'inspection chaque vingt-quatre heures ?
- Pas très heureuse, mais c'est ta lenteur qui m'y contraint...
- En l'occurrence je comprends. Je m'en voudrais d'aller plus vite, cela me manquerait de ne plus te voir onduler jusqu'à moi, avec ce mouvement du bassin que tu fais pour contourner mon bureau, sans parler des fragrances de 17h00 qui persistent après ton passage... Un rien de cacharel repoussé par une sueur acide. Intéressant. Certains hommes y mettraient volontiers le nez. »

"Bin ma foi, ça ne s'arrange pas chez toi ! C'est tout ce que tu as à me donner ?
- Dis-moi, Mylène, tu fais quoi ce soir ?
- Pardon ?
- Nan parce que je me disais qu'on pourrait aller boire un coup après le boulot...
- Je rêve où tu me fais des avances ?
- Appelle ça comme tu veux. Au moins ça nous changerait des relations de travail, d'autant plus que ce n'est pas ma plus grande motivation ces derniers temps.
- Alors là t'es vraiment gonflé. Si je raconte ça à mon fiancé, crois-moi que tu as intérêt à savoir courir vite et longtemps parce que...
- Je n'ai rien proposé à ton fiancé, c'est toi que j'invite. Tu refuses, ça te regarde. Mais sincèrement, ça t'amuse de venir me seriner deux fois par jour ?
- Si tu bossais plus vite, je ne serais peut-être pas obligée...
- Là tu as bien raison. Et ce serait dommage, j'aime bien ta façon d'entrer dans la pièce, le déhanché qui te permet de pivoter à hauteur de ma table, et le parfum de fin de journée que tu laisses dans ton sillage... Fin de Lancôme et début d'animalité capiteuse. Pas mal. Ca donne envie d'approfondir la question."

L'offensée manqua de s'étrangler. Avait-il le culot, môssieur le branleur, de draguer à ce point grossièrement sa collègue la plus intouchable ? J'attendis sagement qu'elle me montrât toute sa colère de femme insultée, pareillement à un type indifférent mais joueur qui allait disparaître pour longtemps :
« Dis donc, espèce d'enfoiré ; je connais deux mecs qui peuvent te faire danser. Tous les deux ne manqueront pas de te rappeler les règles de savoir-vivre envers une femme. Tout particulièrement cette femme qui à aucun moment ne couchera avec toi ! »

Ma collaboratrice en était suffoquée. Comment osait-il, ce petit lecturaillon démotivé, faire des avances aussi vulgaires à une femme aussi rangée et raisonnable ? Elle voulut me claquer le bec une bonne fois et je pris sa réaction comme un souhait de bon séjour loin de la maison :
"Ecoute-moi bien, petit connard : Je peux facilement te griller aussi bien ici que chez moi. Le patron et mon fiancé seraient ravis de t'expliquer comment on se comporte devant une dame. Surtout une dame que tu n'auras jamais !"

Après ces menaces non voilées, je la laissai partir, et je la poursuivis par une hilarité aussi sonore qu'insolente, qui la convainquit définitivement de ma bêtise. Ma camarade avait subi mon au revoir pour les autres.
Dans sa hâte de s'éloigner de moi, elle omit d'emporter avec elle les documents que j'avais visés, événement très rare pour une pro comme elle. Alors qu'elle était encore dans mon champ de vision, elle se crut assez seule pour inspecter du nez ses dessous de bras. Par ma faute, la malheureuse avait perdu confiance, je ne lui avais d'ailleurs pas menti au sujet du mélange de dessous de bras.

Sur ce, elle sortit prestement, accompagnée de mon rire le plus sincère qu'elle prit pour un aveu de profonde stupidité. Je venais de faire très proprement mes adieux à ma plus proche collègue.
Je lui marchai derrière pour lui donner le tas de feuillets qu'elle avait oublié pour la première fois de sa brillante carrière. En arrivant sur le pas de ma porte, je la vis soulever son bras et renifler son aisselle avec circonspection. A cause de moi, elle doutait de sa propre odeur, le Lancôme était effectivement dilué et elle le nota avec une surprise assez dépitée.

« Je te rends mes données, j'ai fini.
- Pardon ? dit-elle vivement en se retournant.
- J'ai fini, insistai-je calmement. Tu sais, tu ne dois pas te formaliser au sujet de ma remarque, d'autant que la sueur ce n'est pas sale. Beaucoup de mecs aiment ça. Il faut juste éviter de la faire macérer dans de l'eau de toilette inadaptée. Quoi qu'il en soit tu ne devrais pas en mettre là, ajoutai-je le doigt pointé sur son dessous de bras.
- Mais... »
Sans voix, pauvre enfant.
Cela étant fait, il était possible de donner une justification à ma future fuite, poursuivi que je serais par deux gars en colère. J'avais le vice assez chevillé pour m'en sentir satisfait. Une partie de mon cerveau le regrettait, vaguement.

"Tu as oublié ça, lui fis-je.
- Hein ? volte-faça-t-elle brusquement.
- Tu as oublié ça, répétai-je. En passant, ne t'en fais pas trop pour ce que je t'ai dit, j'ai toujours aimé les odeurs naturelles. Les hommes adorent les odeurs corporelles. C'est le mélange avec les parfums qui les écœure en général. D'ailleurs ce n'est pas un "endroit" pour du parfum, conclus-je en montrant son aisselle de l'index.
- Que...?"
Bouche bée, la coquine.
Voilà, j'avais accompli ma mission avant de partir en vacances, j'aurais une plainte pour harcèlement sexuel au travail plus un fiancé énervé au derrière. Mon côté pervers en jouissait aimablement. Mon côté humain protesta, un peu.

L'acquéreur de briquets versus L'acheteur d'allumettes, chapitres 17 et 17, Sébastien Haton

jeudi 28 octobre 2010

Projet littéraire, étape 21

Aujourd'hui, c'est la vingt-et-unième étape de mon projet littéraire 2010.
Et c'est la première quatorzaine que je passe en utilisant peu ou pas du tout mon dé-assistant. En passant, un lecteur de ce blogue m'a signalé l'existence de l'homme-dé. J'aime autant vous dire que je suis loin d'être ou d'avoir été aussi dépendant du hasard !
3151 pages écrites (estimées) soit 79 de plus qu'au dernier pointage. C'est une progression en trompe-l'œil dans la mesure où l'acquéreur de briquets a progressé de 97 pages tandis que d'autres textes ont été nettoyés et dépouillés pour perdre parfois jusqu'à 20 à 30 pages... Et oui, le boulot d'écrivain est parfois, voire souvent, d'effacer du texte au lieu d'en écrire.

Je rappelle à nouveau que Les enfants nés-morts et les textes pour oeuvres de V. Lafont sont officiellement en phase de relecture, ce qui fait diminuer à 12 le nombre de récits dont le premier jet n'est pas achevé.
Voici le classement de la quatorzaine, avec comme toujours un lien direct vers la dernière présentation de chacun des 14 récits. Pour en savoir plus désormais, vous pouvez vous référer à tous les messages concernant ces récits en cours, ainsi qu'à ceux qui ne concernent que le projet littéraire proprement dit.
Je ne le répèterai jamais assez : ce blogue est intégralement archivé.

1 La sphère des immortels 560 pages
2 L'acquéreur de briquets 470
3 Les enfants nés-morts 448
4 Les amants miroirs 251
5 Textes pour oeuvres de Véronique Lafont 240
6 The chichougn 232
7 Chroniques de Montoulbe 149
8 L'acheteur d'allumettes II 146
9 Demain le ciel sera orange 134
10 La chute de l'empire 123
11 L'épileptoïde 115
12 Le sourire de ma boulangère 104
13 La folie des trisantesmes 102
14 Dicomots 77

Dans les temps à venir, je continuerai mon récapitulatif du contenu des 14 récits et leur état d'avancement...
On va y arriver, je le répète.
Soyez heureux.

mercredi 27 octobre 2010

Les enfants nés-morts ressuscitent

J'ai commencé hier un survol quotidien de mes 14 récits en cours. Celui d'aujourd'hui est le second sur la liste dans la rubrique considérée (ceci afin d'accéder aux précédents extraits).
Si vous voulez jouer au relecteur partiel, je vous invite à me dire lequel ou lesquels de ces 14 machins vous voudriez voir édités avant les autres. Le jeu est difficile, néanmoins, car je n'en suis qu'au début des 14 présentations...
Je rappelle que les messages traitant de mes récits en cours sont archivés ici.
Et que tout le blogue est archivé, d'ailleurs.

TITRE : Les enfants nés morts

GENRE : roman réaliste, chronique familiale

SYNOPSIS COURT : Dans la famille Millet, on est fille-mère de mère en fille depuis quatre générations. Cela crée un atavisme sournois dont aucune femme ne parvient à se détacher. Rosalinde, la narratrice, raconte son parcours depuis sa naissance jusqu'à son présent de femme tout juste cinquantenaire.

AVANCEMENT : 448 pages écrites, il est officiellement en relecture... et donc terminé dans le cadre de mon projet. Quelques aménagements seront faits avant la fin de l'année, sur les conseils de lectrices qui pensent que mon parti pris de sordidité est parfois excessif ("on a compris !").
Peut déjà être réservé si vous êtes un éditeur et que vous aimez les histoires sombres presque vraies :))
Une personne fort estimable, et écrivain par surcroît, a déjà manifesté sa préférence théorique pour ce récit.

EXTRAIT

Elle jetait fréquemment des petits coups d'œil dans ma direction. Comme je ne bougeais pas, elle me fit signe discrètement mais sans ambiguïté qu'elle apprécierait que je m'éloigne. Toujours sidérée mais un peu résignée, j'allais m'enfermer dans ma chambre où je libérai enfin mes larmes d'enfance perdue.

Deux ou trois fois, je pus percevoir des sons appuyés venant de notre salon, peut-être une exclamation de surprise ou un éclat de rire. Je n'étais pas trop en état d'écouter aux portes.
Puis, après quelques minutes, je n'entendis plus aucun murmure venant de la pièce à côté, ce qui devait signifier que la conversation était finie entre les deux extrémités de mon arbre généalogique restreint. Je ne voulais pas bouger, j'attendais qu'on vienne me délivrer. J'avais besoin que Laurence vienne me déterrer et c'est heureusement ce qu'elle fit. Après un délai qui me parut interminable, elle vint gratter à ma porte à son tour.

"C'est bon, tu peux sortir, on a fini la prise de contact, là.
- [Coup de massue derrière la nuque] La prise de contact ...? Tu veux dire que... vous allez remettre ça...?
- Et ouais ! Et on va même se rencontrer pour de vrai, lâcha-t-elle sans aucune méchanceté.
- Mais tu peux pas avoir envie de connaître cette peau de vache ! C'est pas possible !"

J'étais atterrée.
Tout... je veux bien tout, tu m'entends ? Mais pas ça !
Je ne pouvais pas accepter que les monstres remettent les griffes dans ma vie, même par procuration, par l'intermédiaire de ma propre fille. Laurence me considéra sévèrement, les sourcils froncés, mais sans colère. Elle savait ce que me coûtait son annonce, elle avait de toute façon ses raisons contre lesquelles je ne pouvais lutter.

"Hého, je suis pas obligée de faire comme toi, hein ? Elle me demande pas grand chose, ta mère, elle veut juste connaître ses petits-enfants et puis ça tombe bien parce que moi aussi j'aimerais voir de la famille parce que la famille bin tu vois j'ai que toi alors faut aussi que j'en profite pour une fois qu'y a quelqu'un de mon sang qui veut me connaître, juste me connaître, et qui me dit "je suis ta grand-mère et une grand-mère doit toujours aimer ses petits-enfants" et bin ça me touche, tu vois, ça me touche et tant pis ce qui s'est passé avant, moi j'y étais pas, j'ai rien à voir avec ça, je veux juste profiter de toutes mes chances tu vois, j'ai pas de comptes à rendre à elle ou à toi, hein, t'aurais pas voulu connaître ta grand-mère, toi ? Ça te ferait quoi qu'elle t'appelle maintenant pour te dire gentiment qu'elle regrette tout le temps perdu mais que l'avenir nous appartient tout ça, hein, ça te ferait quoi ? Et puis un jour aussi je retrouverai mon père, en plus tu m'as dit un jour que tu le connaissais mais c'est pas parce qu'il a pas voulu de toi... je veux dire de nous... que je dois pas le chercher, quoi..."

Laurence-la-muette avait tout lâché d'une traite, en une seule phrase et sans apparemment prendre le temps de respirer. Dix-huit ans de frustration en une tirade de quarante secondes... Et moi j'avais perdu ma langue. Je me mis à la chercher, j'avais dû l'égarer dans un coin de la bouche.
Tout y était passé et tout était vrai : le besoin de retrouver sa vraie famille, la quête du père, le lien avec la mère de la mère, l'occultation de celle-là par celle-ci, l'émancipation affective, le temps perdu, le temps à gagner, la mise en face de mes contradictions enfouies... Laurence me donna une leçon qui ne profiterait guère ni à l'une ni à l'autre. Par là, elle me signifiait que sa vie lui appartenait et que, si j'y avais ma place et pas la moindre, je n'avais plus à influencer ses choix.

Les enfants nés-morts, chapitre 17, Sébastien Haton

mardi 26 octobre 2010

La sphère des immortels tourne en rond

Il ne me reste que deux mois pour mener à bien mon entreprise de premier-jetage à grande échelle.
C'est la dernière fois que je promets d'écrire 14 romans en un an. L'année prochaine, il n'y en aura que 12 !

Puisqu'il ne reste que deux mois, je vais en profiter pour faire un point précis sur chacun des récits engagés dans le sprint final. Certains sont déjà finis (bien peu) et d'autres en sont loin (bien peu également).
Votre rôle dans les semaines à venir sera de déterminer lequel ou lesquels de ces récits vous voudriez voir édités avant les autres :))
Etant donné que ce blogue est entièrement archivé, vous pouvez retrouver tous les précédents extraits publiés de chacun des 14 récits, sous la rubrique romans et récits en cours. Pour celui d'aujourd'hui c'est facile, c'est le premier de la liste.

Le voici :


TITRE : La sphère des immortels, partie I : la porte des mondes

GENRE : heroic fantasy

SYNOPSIS COURT : Sur le continent Orym, Le très jeune Nirnael est désigné Gardien de la Sphère, un rôle primordial dont il sait cependant peu de choses. Tout en luttant contre ses propres démons et ceux des autres, il devra s'abstraire de son monde pour découvrir ailleurs les mécanismes de l'Univers, les prérogatives qui lui reviennent et bien d'autres mystères qui le dépassent, comme les multicouches temporelles.

AVANCEMENT : 550 pages déjà écrites pour le premier jet. Outre les annexes (linguistiques, historiques et biographiques) toujours en friche, il ne me reste plus que deux ou trois chapitres centraux à enrichir.
Comme il aura une suite, tous les mystères ne seront pas résolus, ruse d'écrivain à épisodes ;))
Sera fin prêt pour relecture bien avant l'échéance du 31 décembre :))

EXTRAIT

Le passage de la première porte aboutissait à un nouveau mur, qui lui-même... recelait l'autre porte, laquelle fut particulièrement difficile à enfoncer tant elle semblait protégée par un puissant sortilège. Mais tout cela se passait dans la tête du jeune Gardien et aucun sort ne saurait l'empêcher de se mouvoir dans les dédales de son propre esprit.
Lorsque les dernières résistances de la deuxième porte tombèrent, il entra dans une vaste salle peu éclairée au milieu de laquelle était posée une grande table ovale. Les huit personnes qui étaient assises autour, pas une de moins, cessèrent leurs discussions animées et "regardèrent" entrer leur hôte. Aucun visage n'était visible, comme si les convives étaient sans tête, le visage camouflé sous d'épais capuchons qui leur descendaient jusqu'en dessous des yeux, si jamais ils en eurent.
C'est ainsi que je me figure mon propre conflit intérieur, songea Nirnael qui était certain d'avoir seul imaginé cette vision de complot encapuchonné, attablé et mal éclairé. La scène ressemblait de beaucoup à de nombreuses autres qui furent décrites par des conteurs anciens dont les œuvres étaient consignées en Tawel.
Sans attendre d'y être prié, il s'assit à la place libre qui se trouvait près du passage qu'il venait de franchir. Il était face à un des huit tandis que les sept autres étaient assis sur les côtés, trois à sa droite, quatre à sa gauche. Aucun n'eut de mouvement hostile, et pour cause : Il fallait bien respecter les règles de l'hospitalité fixées par leur hôte depuis son intrusion... et dont on ignorait encore la teneur.

"Vous n'avez pas été long à venir nous rendre visite, sépulcra la chose en face de lui. Nous parlions justement de vous...
- Il n'y a guère d'autre sujet à traiter par ici.
- Vous croyez ? Votre cerveau n'est pourtant pas dépourvu de richesses insoupçonnées...
- Restons-en à moi, voulez-vous ?
- Comme vous voudrez, vous êtes ici chez vous.
- Justement, c'était la première question que je voulais soulever. Donc, je suis ici chez moi et vous y êtes également, mais sans y avoir été invité. Pouvez-vous m'expliquer le comment de cette intrusion, puis son pourquoi ? Si je ne décide pas de vous mettre à la porte après vos précisions, j'aurai peut-être autre chose à vous demander."

Un rire profond, collectif, désordonné et pourtant très mélodieux se fit entendre dans la tête du logeur fâché mais calme. C'était également un rire très sépulcral, à l'image de la voix qui l'avait (ac)cueilli à son entrée. Le rire se fit flottant et commença à désenfler comme un mouvement de symphonie écrit pour être joué de plus en plus piano jusqu'au silence. Il n’y eut aucun applaudissement.
Nirnael prit conscience qu'il était au cœur des prédictions de sa sœur Beatrix : Il y a un lieu où tu seras seul à pénétrer, où personne ne pourra te suivre. Il lui sembla néanmoins que cette impression était biaisée car il ne se trouvait pas en un lieu, il était en pleine introspection immatérielle. Ses déplacements étaient des sensations qu'il s'inspirait à lui-même tout en conservant cette étrange originalité qui sied aux mondes intermédiaires. « L'endroit où il ne pourrait se rendre que seul » n'était sans doute pas celui-là, et pourtant... la vérité avait déjà jailli de la prophétie.
L'un des enseignements forts de Maïald était précisément de se méfier des oracles car la vérité d'un événement qui n'a pas encore eu lieu n'est pas contestable puisqu’on ne peut pas prouver le contraire. C'est la raison pour laquelle une prédiction n'est jamais semblable à "Tu épouseras une femme blonde prénommée Aëylia et tu auras quatre filles et deux garçons" car cela ne se réalise presque jamais et contribue à enfermer le sujet dans une quête aussi vaine qu’aberrante. On connaît la légende de ce Prince d'antan qui fut frappé de cette prophétie, trouva une femme de ce prénom après des années de quête obsessionnelle, l'épousa de force, la séquestra avant de se faire assassiner par les frères de la demoiselle...

Les vrais prédictions sont toujours sibyllines et vagues... et se réalisent subséquemment presque toujours, même plusieurs fois dans certains cas.
Le jeune Gardien se fit son propre oracle : Je te le prédis, Nirnael, tout ce joli monde déménagera de ta tête un jour ou l'autre.
Cette idée le fit sourire mais un détail lui ôta l'envie de s'amuser : Son vis-à-vis luisait d'une blancheur irrépressible malgré l'opacité de son manteau à capuche. Cette vision le décontenança car elle lui rappela celle plus ancienne des Poursuiteurs contre lesquels étaient venus se battre Echéril et Maïald. Ce n'était cependant pas ce qui le troublait le plus ; pour un esprit exercé comme le sien, toute vision interne ne pouvait être qu'une construction interne. Autrement dit, rien dans cette pièce ne préexistait à ses perceptions habituelles. Il avait imaginé la double porte piégée, la table ovale, les capuches et à présent le rayonnement blanc de son interlocuteur. Il motivait aussi ce silence prolongé que personne, et pour cause, n'avait rompu.
Quoi qu'il en fût, la fulgurance de ses réflexions n'échappa nullement à la vigilance de ses interlocuteurs imaginaires :

"Tu penses beaucoup, et tu penses vite, jeune seigneur. Nous ne sommes pas trop de neuf pour te suivre.
- Neuf ? L'on se cacherait céans ?
- Compter est insuffisant. Tout ce qui est ici ne se voit pas. Et ce qui se voit n'est pas toujours ce qu'il montre.
- Je prends ça pour une mise au point : ici, rien n'est réel et tout est réel. Il est possible que ce que j'expérimente en ce moment n'ait aucune réalité.
- Et possible que si, effectivement.
- Vous n'avez pas répondu à mes questions.
- Soit. Comment sommes-nous arrivés ici ? Nous allons où nous voulons, nous n'avons pas de contrainte, nous sommes des voyageurs libres. Même un esprit complexe et clos comme le tien est insuffisant à nous faire barrage. Pourquoi ? Tu devrais le deviner seul mais je vais te donner notre version : Tu es comme nous tous un voyageur libre, ou tu veux le devenir, c'est pareil. Mais tu as un véhicule physique, c'est toute la différence. Nous devons te montrer comment voyager sans véhicule, et tu pourras éventuellement nous accompagner.
- Que se passerait-il si je refusais d'être guidé ?
- Nous pensons que tu ne te priveras pas de notre assistance, ne serait-ce que par simple curiosité.
- Vous êtes des spectres ?
- Des rémanences de spectres, à la rigueur. Mais ce ne serait pas exact... Mais qu'es-tu en train de faire, au juste, jeune seigneur ?"

Pendant qu'il les faisait parler en leur posant des questions élémentaires dont il écoutait à peine les réponses, Nirnael avait commencé à ériger des défenses internes relativement élaborées. Les membres de l'assistance qui se taisaient depuis le début s'agitèrent de plus en plus, dans l'impossibilité de se lever ou de se mouvoir de quelque façon que ce soit.
Nirnael pensait être fixé sur la nature de ce qui le hantait. Il ne voulait plus en discuter, son unique dessein était de forclore l'assemblée et il s'y employait bien. Le maître de cérémonie se leva brutalement et entreprit de se ruer dans la direction de Nirnael qui ne bougea pas d'un pouce.

"Non. Vous n'avancerez plus.
- Imbécile..."

Malgré l'ordre impérieux du propriétaire du cerveau occupé, la forme blanche encapuchonnée gagnait du terrain sur la table, avançant comme s'il était monté sur coussin d'air. A son passage, les autres spectres retrouvèrent leur mobilité et furent comme entraînés dans son sillage. Nirnael s'attendait à ce que sa volonté fût partiellement contrée, mais la réaction de ses vis-à-vis avait été trop tardive. Lorsque ceux-ci furent à quelques mètres du jeune Gardien, un premier mur fut érigé devant eux.

"Vous n'avancerez plus, vous ai-je dit. Allez hanter qui vous voudrez, la maison ne loge plus à partir de cet instant. Vous n’êtes plus des voyageurs libres en ces lieux.
- Tu ne peux pas faire une telle chose... ahana la voix avec effort. Personne ne peut entraver des voyageurs libres... Tu n'en as pas le droit... »

Le plafond de la "salle de réunions" s'effondra d'un seul bloc sur la masse des conspirateurs et ce fut le silence.
Sous les décombres de la salle neuronale, les dépouilles des "rémanences spectrales" dégageaient une insistante odeur de fromage et de viande froide. Des ruines ne montait plus signe de "vie" mais l'odeur se fit plus persistante à mesure que le temps passait, et ce malgré le travail de colmatage effectué par Nirnael autour de la pièce désaffectée.
Un spectre mort est un fromage odorant fut la dernière phrase de son introspection quand Nirnael fut interpellé de l'extérieur.

La sphère des immortels, chapitre 11, Sébastien Haton

dimanche 24 octobre 2010

Nos messages sont garantis sans pesticides

A la question "ce projet est-il sérieux ?", je réponds oui.

Après l'avoir initié il y a quelques mois à la suite d'un pari audacieux et innocent, je compte bien rédiger cet étrange objet que j'appelle "j'aurai été jeune deux fois".
Il y a eu un premier extrait prévisionnel, genre confrontation de mondes non parallèles.
Il y en eut un second, style science -fiction fantasmagorique.

La forme finale est à trouver.

Si vous avez envie de participer à la chose, vous qui comme moi aurez été jeunes deux fois (au moins), citez-moi quelque chose dont l'évolution, ou l'apparition, vous a marqué entre les années 1970-80 (ou 90 pour les plus jeunes) et aujourd'hui. Je promets de prendre soin de vos anecdotes... en 2011 :))

Et puisque j'y pense, voici une annonce que je ferai le plus souvent possible : Si vous venez sur ce blogue pour la première fois ou si vous n'y comprenez rien, allez lire ce message dans lequel j'en explicite l'existence.

Soyez heureux et ne consommez pas n'importe quoi.

vendredi 22 octobre 2010

Pourquoi je n'ai pas peur des réformes

Nous sommes le 22 octobre 2053, il fait beau quoiqu'un peu chaud, un modeste 33° à l'ombre.

Le Ministre des Restrictions Énergétiques, Monsieur William Borlo, fait une déclaration très attendue à la télévision numérique :

"Le dernier camion-citerne est parti de la dernière raffinerie de pétrole en activité. Je déclare solennellement que le pétrole, c'est fini. Y en a plus."

Il attend quelques secondes que les photographes lui prennent le portrait et reprend :

"Par ailleurs, nous avons décidé de limiter l'approvisionnement en jus de betterave à 10 litres par habitant et par semaine !"

Déjà sous pression à cause de la 23ème réforme
du siècle sur les retraites, les travailleurs du secteur décident de bloquer la sortie des usines de bicyclettes.
Le pays est dans l'impasse, c'est le chaos.

Heureusement, l'unité spéciale des policiers entièrement automatisés fait péter les barrages.
On peut à nouveau acheter des vélos et se promener le long des forêts tropicales du Nord de l'Europe, au doux son des cris d'aras et des braillements de singes hurleurs.


in "J'aurais été jeune deux fois", en projet pour 2011, Sébastien Haton

"On peut à nouveau acheter des vélos
et se promener le long des forêts tropicales du Nord de l'Europe"

jeudi 21 octobre 2010

Le monde entier est un arbre

Dans la rubrique "statistiques" de mon blogue, que j'ai découverte seulement la semaine dernière, il y a un onglet que j'aime particulièrement, c'est celui des "participants".
C'est aussi amusant que fascinant de découvrir que le verbe au vert est lu dans des pays où je ne suis jamais allé ni ne connais personne. En plus, j'ai toujours adoré les statistiques et la géographie, depuis que je sais lire à vrai dire !
Alors aujourd'hui, je vous salue, amis Japonais, Irlandais, Marocains, Portugais, Russes et Brésiliens, sans oublier mes fidèles camarades Français, Canadiens, Algériens et Étasuniens, qui viennent tous les jours dire bonjour à ma prose.

Soyez heureux, partout où vous êtes.

mardi 19 octobre 2010

Il n'y a que ceux qui n'ont pas d'avis qui ne changent pas d'avis

Une chose essentielle a changé dans ma gestion de mes desseins littéraires 2010.
Essentielle et inattendue.
Inattendue et essentielle.
Je me répète parce que c'est essentiel... et inattendu.

L'un des ennemis de ma sérénité, c'était le dé.
Le dé...
Vous savez, celui qui a 17 faces... ou 14... ou plutôt 6, mais qu'on peut tirer plusieurs fois...
Cela fait un an tout juste que je le jette deux fois tous les matins pour savoir ce que je vais écrire durant toute la journée. 700 jets et pas une protestation intérieure...

Or, depuis dix jours, j'en ai assez. J'ai besoin de me mettre en roue libre. Il est même probable que j'écrive plus et mieux de la façon :)
Aussi, à partir d'avant-hier et jusqu'à nouvel ordre, je choisirai tout seul mes écrits quotidiens.
C'est comme ça, ne soyez pas triste ; je ne le suis pas, moi.

Soyez heureux et achetez des livres ;)

samedi 16 octobre 2010

Alerte, le corps stresse

Aujourd'hui, mon corps m'a dit "attention, tu stresses sans le savoir".
Je connais cet avertissement et le respecte. N'étant pas très anxieux mentalement, c'est généralement mon physique qui tire les poignées d'alarme.
Je crois que cette histoire de challenge littéraire 2010 est en train de m'user un peu. Oh, qu'on se rassure parmi mes proches, il s'agit de signaux faibles, mais réels.
C'est un fait, je m'en fais une montagne (cf. "chaque étape est une étape de montagne" du message précédent) alors qu'il n'y a que moi que cela impacte vraiment. Il y aussi les contreparties à écrire dans le cadre de babeldoor et qui sont en retard. Il y a des emplois potentiels qui se profilent pour 2011, à plein temps ou à temps partiel. Il y a...

Il y a que je me mets tout seul, et sans m'en rendre compte, une pression qui ne s'impose pas, que VOUS ne m'imposez pas.

Le nouveau challenge littéraire 2010 sera donc dorénavant de le poursuivre dans la légèreté, le calme, la bonne humeur, la confiance et une totale absence de pression. Il adviendra ce qu'il adviendra et la notion de "premier jet" sera soumise à caution en temps voulu. Il n'est nullement question d'abandonner ce projet, entendons-nous bien. Je dois juste le vivre différemment, prendre de la distance, me détendre.
Après tout, j'ai déjà des récits achevés, j'en ai d'autres en relecture, pas mal en projet aussi...
Il faut que cesse cette auto-dictature de la performance, qui me fatigue alors même que je ne la pratique pas consciemment.

D'avoir écrit cela a fait un peu diminuer ma migraine et mes courbatures. Nul doute que l'auto-guérison est en marche.

Nous n'avons pas le choix, il va falloir apprendre à vivre en nous respectant nous-mêmes.
Soyez heureux.

jeudi 14 octobre 2010

Projet littéraire, étape 20

Pour compléter ce que je racontais hier, sachez qu'aujourd'hui on a accédé au verbe au vert en cherchant le terme "verbe de nul".
Étant curieux par nature en ce qui concerne le langage, je cherche à savoir ce que peut être le "verbe de nul", et en quoi puis-je aider le malheureux qui tente de se documenter.
Pour l'instant, je ne trouve pas...
Il y a bien "to null" en anglais, mais à part ça...

Aujourd'hui, c'est la vingtième étape de mon projet littéraire 2010.
Une étape de montagne.
Toutes les étapes jusqu'au 31 décembre seront des étapes de montagne.
Je suis en phase active de recherche de produits dopants légaux.
Un nouveau chocolat au lait et noix de cajou vient d'apparaître, il fera l'affaire à côté des autres variétés déjà plébiscitées par les plus grands sportifs de mon village.
3072 pages écrites (estimées) soit 120 de plus qu'au dernier pointage. Excellent score, mais un peu trompeur dans la mesure où je me suis beaucoup consacré aux récits les plus en retard, en particulier L'acquéreur de briquets, lequel sera sauvé ;))
Je rappelle également que Les enfants nés-morts et les textes pour oeuvres de V. Lafont sont officiellement en phase de relecture, ce qui fait diminuer à 12 le nombre de récits dont le premier jet n'est pas achevé.
Voici le classement de la quatorzaine, avec comme toujours un lien direct vers la dernière présentation de chacun des 14 récits. Pour en savoir plus désormais, vous pouvez vous référer à tous les messages concernant ces récits en cours, ainsi qu'à ceux qui ne concernent que le projet littéraire proprement dit.
Je ne le répèterai jamais assez : ce blogue est intégralement archivé.

1 La sphère des immortels 554 pages
2 Les enfants nés-morts 448
3 L'acquéreur de briquets 373
4 Les amants miroirs 251
5 Textes pour oeuvres de Véronique Lafont 240
6 The chichougn 227
7 Chroniques de Montoulbe 149
8 L'acheteur d'allumettes II 146
9 Demain le ciel sera orange 132
10 La chute de l'empire 121
11 L'épileptoïde 113
12 Le sourire de ma boulangère 113
13 La folie des trisantesmes 105
14 Dicomots 100

Dans les temps à venir, il faudra que je revienne une dernière fois pour 2010 sur le contenu des 14 récits et leur état d'avancement...
On va y arriver, je le répète.
Soyez heureux.

mercredi 13 octobre 2010

On peut être pionnier et candide à la fois

On peut utiliser Internet depuis les origines et montrer une très grande naïveté pour des choses élémentaires... Je vais vous expliquer pourquoi.

Il était une fois...
Dans un proche pays...
Un jeune homme découvrant une technologie permettant d'envoyer des messages en temps réel à d'autres personnes.
Puis il s'aperçut rapidement qu'il pouvait avoir accès à des informations importantes, comme la liste des ouvrages référencés dans son université...
Plus le temps passait et plus la masse d'informations était grande...
Bien sûr, au début il fallait attendre un certain temps que les "pages" s'ouvrent...

Et puis le jeune homme vit apparaître les blogues et les sites personnels.
Il se dit que ce serait chouette d'en créer un, mais pour quoi faire ? Il n'avait rien à dire, il n'écrivait pas encore... Quant à ses travaux linguistiques, ils intéressaient peu de monde et il n'avait pas besoin d'Internet pour les faire connaître.

Enfin vint le temps de l'écriture ; son doctorat achevé, le jeune homme se mit à élaborer des romans et voulut le faire savoir au monde entier...
Alors il créa son premier blogue en 2009, 15 ans après sa première utilisation du web et 10 ans après ses premières velléités d'ouverture d'un tel objet.
Il lui donna un nom qui résumerait son goût prononcé pour la Nature et pour le langage : "le mot au vert", ou quelque chose d'approchant.

A force de fréquenter les blogues des autres, il s'aperçut que beaucoup parlaient du nombre de visiteurs et/ou des mots-clés tapés sous goût-gueule pour y accéder.
Le jeune homme trouva cela amusant, d'autant que les mots-clés en question étaient plutôt comiques, et souvent lestes, entre autres des versions très grossières de "personne aux mœurs légères fort peu vêtue".
Le jeune homme s'étonna cependant de lire des messages mystérieux du type "j'ai six visiteurs qui me lisent pendant que j'écris ces lignes !" ou encore "Hier, un type est arrivé sur mon blogue en tapant "commen avoir une relations amoureuzes harmaunieuze avecq mon amstère !!"".
Il s'étonnait, notre gentil jeune homme, parce qu'il se demandait si tout cela n'était pas qu'une farce. Surtout, il se demandait comment pouvaient-ils savoir ça, tous ces blogueurs...

Je l'avoue humblement, j'ai découvert seulement hier soit que ces fonctionnalités existaient...
J'ai ainsi pu constater que les mots-clés pour accéder au verbe au vert manquent de drôlerie. Il est vrai que j'utilise peu d'expressions et de termes destinés à faire venir ici les chercheurs de vie amoureuse harmonieuse avec des hamsters, ou d'autres vies amoureuses...
Depuis goût-gueule, on vient ici principalement en tapant "le verbe au vert" ou mon nom.
Sortant du lot, toutefois, quatre individus ont trouvé mon blogue avec ces termes :
"larves de trombidion"
"aoutats verbes et vinaigre"
"à quel temps est ce verbe en vert ?"
"verbes pour décrire l'automne"
ce qui démontre que le verbe au vert fait autorité en entomologie, grammaire et lexicologie verbale, ce dont je me réjouis très fortement.

L'autre utilité de ce message est qu'à partir d'aujourd'hui on pourra accéder au verbe au vert grâce à :
"personne aux mœurs légères fort peu vêtue"
et
"vie amoureuse harmonieuse avec des hamsters"
ce qui n'est pas rien, convenons-en.
Pour ma part, j'aurai beaucoup appris sur mon propre blogue :)

Soyez heureux et venez ici par hasard si vous voulez.

lundi 11 octobre 2010

Petit rappel d'intentions

Il y a cinq mois, j'ai écrit un message qui expliquait les raisons de la création de mon blogue, ainsi que de son entretien. Il me paraissait alors utile de rappeler régulièrement pourquoi j'étais ici et comment j'en étais arrivé là. Plusieurs de mes nouveaux lecteurs n'ont sans doute pas eu l'occasion de remonter jusqu'à la source. Pour eux, et pour les plus anciens qui ont oublié l'épisode :
Revoici donc l'aventure d'un écriteur en webland !

Afin d'éclaircir le mystère de ma présence en ces murs électroniques et pour justifier mes posts les plus abscons, voici un petit retour sur les origines du mal... Suivez les liens et vous saurez tout :

Il y a presque un millénaire, je travaillais pour la science et sa gloire.

Mais la gloire scientifique n'étant que vanité, j'ai obéi au plus impérieux de mes appels intérieurs.

L'écriture l'a donc emporté sur la recherche, bien que je n'eusse pas définitivement abandonné cette dernière. Mais pour bien écrire il me fallait des trucs, car je souffre d'une forme amusante d'hyperactivité, qui m'oblige à faire plusieurs choses en même temps pour supporter de faire quelque chose. C'est pourquoi j'ai inventé le concept de poly-écriture, m'obligeant à élaborer beaucoup de récits simultanément pour mieux tous les terminer.

J'ai créé ce blogue pour "améliorer ma visibilité sur le web", ainsi que me le conseillait une professionnelle des Arts, et de fil en aiguille j'ai transformé l'écriture simultanée de 14 récits en un véritable projet littéraire, lequel a été retenu pour appel à souscription, et a rencontré le succès espéré. Auparavant, j'avais finalisé l'écriture de quatre récits, dont trois romans, que je propose depuis peu aux éditeurs. Des extraits et des résumés tels que celui-ci en sont donnés çà et là sur le verbe au vert.

Afin que tout le monde sache où en est mon projet, je fais un point précis tous les 14 jours, le dernier ayant été fait le 30 septembre dernier. On y trouve le classement des 14 récits en cours avec le nombre de pages déjà écrites pour chacun. Ce classement permet en outre d'aller consulter la fiche individuelle de présentation des 14, avec titre, genre, synopsis et historique.

Il me semble utile de rappeler que ma motivation initiale et plus que jamais actuelle, mes chers lecteurs et mes chères lectrices, est avant tout d'entrer en contact avec vous.

Soyez heureux.

vendredi 8 octobre 2010

L'automne en plein printemps II

Voici la suite de l'extrait de l'acheteur d'allumettes I, lequel parle donc de la forêt au soleil, sous la pluie et entre deux. Comme le tout était fort long, le début du passage a été posté il y a trois jours. Il faut le lire avant ce qui suit :

(...)
Ensuite c'est le terrain qui change. Vous glissez là où vos pas accrochaient. Des flaques naissent ici et là, et parfois résistent au soleil revenu. Les formes sont également altérées. Les rayons lumineux rendent le terrain anguleux, les lignes sèches au double sens du terme. La pluie au contraire arrondit le paysage autant qu'il courbe la végétation. C'est comme regarder au travers d'un prisme circulaire.
Ce sont aussi les bruits qui se transforment. Vous n’entendez presque plus que le son continu de l’eau qui frappe mais, en tendant bien l’oreille, vous percevrez des variations entre la pluie qui heurte les cimes, celle qui parvient jusqu’au sol et l’eau qui dégoutte des branches et des feuilles. Votre propre voix vous parviendra étouffée, comme sortie d’une baignoire.
Et enfin la vie bascule. Vous, l'humain, êtes le seul animal à sortir par tous les temps, adaptant parfois votre pelage aux conditions atmosphériques. Les autres animaux s’abritent s'ils sont adeptes du sec, ou à l'inverse sortent pour enfin profiter de l'humidité qui les fait vivre. Les escargots, les limaces, les grenouilles jouent à surgir de nulle part à la première goutte. Quand l’orage approche, les insectes volants se jettent sur vous, allant rejoindre on ne sait quelle cachette. Les mouches avant la pluie nous prennent peut-être pour les Dieux responsables du "mauvais temps". Dans la forêt, le temps n’est jamais mauvais, ce sont plusieurs mondes qui se succèdent. Parfois ils se chevauchent, lorsqu'à la faveur d'une éclaircie ou d'un début d'averse les deux mondes se croisent en se regardant à travers l’arc-en-ciel.
Chez mes grands-parents, j'avais toujours eu cette sensation. A presque trente ans, cette perception diphasique ne m'a pas quitté.
Je connais aussi le même territoire sous la neige, quand elle tombe, quand elle est tombée, quand le ciel est gris mais qu'il ne pleut pas... Ce sont mille forêts qui s'offrent au regard de qui l'aime.
A chaque pas, je redécouvrais les chemins arpentés quelques jours auparavant. Je fus obligé de vérifier mon trajet sur la carte plusieurs fois avant de me convaincre que j'étais déjà passé par ici ou par là...
Malgré mon plaisir d'être là, j'étais trempé jusqu'aux os. Au bout d'une heure d'avancée, je compris que je n'irais pas plus loin. Sinon Raymonde serait obligée de me garder tout l’été près de la cheminée, une couverture sur le dos ; elle me ferait des grogs avec des drôles de plantes et viendrait s'inquiéter à chaque quinte de toux.
Demi-tour.

Deux heures perdues, j'étais trempé comme une soupe et furieux comme un légume bouilli. Raymonde m'accueillit sur le pas de la porte. J'étais certain qu'elle m'attendait depuis mon départ.

"Je me suis dit : Peut-être qu'il a trouvé un abri. Y a bien une ou deux maisons abandonnées par là-haut... ou alors une caverne mais elles sont beaucoup plus haut. Parce que les arbres sont tellement saturés qu'il vaut presque mieux être à découvert quand ça tombe comme ça.
- C'est vrai...
- Allez, tu vas te changer et tu reviens te chauffer près de la cheminée. Je n'aime pas te savoir dehors par un temps pareil.
- D'accord...
- Et ramène tes vêtements mouillés. On les fera sécher au feu.
- D'accord."

Je lui disais d'accord alors que je pensais cause toujours. J'accepterais de me faire materner par respect pour l'instinct protecteur de la fermière mais j'aurais préféré être là-haut au cœur du vallon des Sources, sous le Rocher du Passant, et me retrouver nez à truffe avec des bêtes sauvages au pelage mouillé qui se serreraient les unes contre les autres au fond d'une grotte.

L'acheteur d'allumettes, chapitre 28, Sébastien Haton

mardi 5 octobre 2010

L'automne en plein printemps

Je n'ai pas encore parlé de l'automne alors qu'il semble que ce fût déjà le cas sur de nombreux blogues de par le monde.
Aussi vais-je réparer cet oubli en parlant d'autre chose... à savoir en présentant ici un extrait de l'acheteur d'allumettes I, lequel parle de la forêt au soleil, sous la pluie et entre deux.
Le passage étant assez long, je le posterai en deux fois.

EXTRAIT

C'est la pluie qui me réveilla le premier matin. J'avais dormi d'une traite mais mon sommeil s'était peuplé de créatures étranges et de lieux effrayants, à tel point que je remerciai chaleureusement l'eau battant les feuilles de me faire émerger enfin.
Formidable, je n'avais pas encore pratiqué la forêt sous l'eau. C'était l'occasion rêvée de m'y frotter. En ouvrant la fenêtre, je fus immédiatement saisi par les puissants effluves de la nature mouillée. L'herbe, la mousse, l'humus, les fougères et le reste chargeaient l'air d'odeurs primaires qui me rendaient plus fou que n'importe quel parfum de femme fatale.
Raymonde était déjà à pied d'œuvre, comme chaque matin. Je pourrais me lever une heure plus tôt, mon petit déjeuner serait aussi prêt qu'il peut l'être pour que je n'eusse plus qu'à l'engloutir. Elle m'accueillit avec le plus étonnant bonjour qu'on m'eût fait par ici :

"C'est la pluie qui sort le loup gris hors du lit !"

Comment pouvait-elle connaître mon mystérieux surnom citadin ?
Après m'avoir fait une bise et m'avoir amené le café gardé au chaud, elle s'inquiéta de mon programme qui, selon elle, ne devait pas dépasser les limites de la maison-abri :

"Tu vas faire quoi avec ce temps ?
- Je vais me promener !
- Te promener, grandiou !? Mais il fait un temps à truitard, aujourd'hui !
- J'aime la forêt sous la pluie. C'est... comme si je découvrais la porte d'un autre monde dont les habitants sont différents, tu vois...
- Oh bé moi je vais rester au chaud. L'autre monde, je l'ai vu bien assez. Quand il pleut, je ne bouge plus... En tout cas, je veux que tu manges bien, on ne doit pas sortir dans ces conditions avec un ventre pas assez rempli. Et puis tu me feras le plaisir de te couvrir !"

Je ne me fis pas prier pour engloutir l'assiette de pain de campagne non sans l'avoir fait réchauffer sur le poêle Godin pour que le beurre y fondît délicatement et remplît les minuscules cratères laissés par les bulles d'air de la levée et de la cuisson. Une tranche sur deux recevait la visite d’une cuillère de gelée de mûres, une merveille. Elle était si bonne que Raymonde aurait mérité d'être l'inventeur de cette extraordinaire recette. Je bus aussi deux pleins bols de café, cet ignoble robusta dont l’amertume m’était devenue nécessaire... Puis je me mis en route sous les recommandations renouvelées que Raymonde avait dû assener à ses enfants pendant des années.

Pourquoi la forêt est-elle si différente un jour de pluie ? Même quand on la connaît intimement depuis des décennies, on s'étonne encore d'aborder deux mondes opposés. Mais on ne se pose pas de question, on s'adapte.
Moi j'avais besoin de comprendre ce décalage, cette façon que la nature a de vous plonger dans un autre monde alors que vous n'avez pas changé de dimension.
Quand l'air est chargé d'eau, ce sont d'abord les odeurs qui frappent par leur puissance ; là où le soleil fait exhaler les huiles, l'eau active les matières organiques.
Puis ce sont les couleurs qui se modifient. L'orange et le jaune disparaissent complètement. Le rouge et le brun deviennent presque gris et bleu à travers le filtre du mur de pluie, mais les troncs des épicéas sont seuls à rougir. Et le vert domine partout, un vert écrasant et triste en hauteur, qui porte le chapeau gris des nuages bas, un vert luisant et délavé plus près du sol là où vos pas n'ont pas encore mêlé la boue aux herbes basses. L’herbe des clairières, chargée de fines gouttelettes, semble presque bleue. (...)

(A suivre demain...)

L'acheteur d'allumettes, chapitre 28, Sébastien Haton

dimanche 3 octobre 2010

J'en pose 14 et j'en retiens 2

Un des 14 récits concernés par mon chantier littéraire 2010 va passer en relecture dès ce dimanche. Il s'agit du roman "les enfants nés-morts". Il est donc pour l'instant le deuxième à bénéficier de l'étiquette 'premier jet achevé' après les "textes pour véronique lafont", dont le volume total me semble suffisant dans l'immédiat.
C'est un moment plaisant, la fin d'un premier jet.

Deuxième info, j'envisage d'ouvrir un second blogue, "le livre au vert" ou quelque chose dans le genre, qui serait exclusivement consacré à mon actualité éditoriale et professionnelle. Je suis optimiste et prévoyant, j'espère que ce blogue trouvera vite du contenu. En attendant et tant que rien n'est officiel, je me contente d'effectuer cette annonce et j'en profite pour vous demander votre avis pour l'avenir : cette idée vous agrée-t-elle autant qu'elle m'agrée ?
De canard.
Bien entendu.

Soyez heureux si cela vous agrée.

D'oie.
Comme il se doit.